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Vendredi 4 septembre 2020, Royan, 11h

 

J’ai transformé dès mon arrivée une chambre en bureau, c’est un refuge idéal pour écrire au calme et m’ancrer entre deux tâches, le petit plus non négligeable…une lumière chaude très agréable qui s’écoule toute la journée par les vitres, épousant l’obscurité bleu-gris des soirées. Dans l’escalier, des vieux portraits de famille veillent sur nous. Ce matin parce que j’ai du temps, je décide de partir enfin explorer le grenier à l’étage. Après un bon petit déjeuner préparé par les enfants et une douche, je pénètre dans le froid humide du grenier, je ne regrette pas d’avoir sur le dos mon gros pull irlandais. Je franchis le seuil, referme la porte doucement derrière moi. C’est une pièce exiguë, rectangulaire et sombre qui sent le renfermé, des meubles semblent avoir été jetés négligemment ça et là, un peu n’importe comment, un peu n’importe où. Face à toutes ces vieilleries, je songe aux secrets qu’elles recèlent peut-être enfouis au fond des effets personnels, prêts à être déterrés. Les commodes semblent avoir de la valeur, elles seraient sûrement plus à leur place dans un magasin d’antiquités. Sur le sol des cartons à moitié remplis baillent la gueule ouverte. Je veille à ne pas tomber. À ma droite un vase avec des fleurs séchées recouvertes de poussière et un fauteuil en velours rouge rongé par les mîtes. J’avance avec appréhension, un peu à tâtons, avec le sentiment profond d’être environnée d’ombres. L’atmosphère est saturée, trop de poussière peut-être. Je manque d’air. Je passe ma main sur mon visage. Ma paume est moite. Je sens la panique m’envahir. J’ouvre en grand l’unique fenêtre de toit où filtre la lumière froide du soleil, des toiles d’araignées s’en détachent. Au loin le ciel a tourné au réglisse, un orage se prépare. Je suis atterrée par tant de désordre. Il ne s’agit pas de saleté, plutôt de négligence, comme si on avait posé là tout ce qu’on voulait oublier. Des objets et accessoires, il y en a pléthore. Le froid se faufile partout, le long de mes jambes, sous mon pull. Je frissonne. Quelle idée de passer la matinée ici.

Chose annoncée, chose due. Voici un petit extrait…vos commentaires et questions seront les bienvenus sur sabine@sabine.fr