Coucher tôt, lever tôt, serait ce la recette d’une vie saine et réussie? C’est ma vie et je ne la changerai pour rien au monde! Ce matin encore une image, une vérité qui m’empêchera de rester sereine et heureuse de mon sort… celle d’un homme en guenilles, deux bas pour couvrir ses pauvres jambes maigres, deux bas en laine de couleurs différentes, sur le torse, un amoncellement de tee-shirts de couleurs délavées. Pas de blouson, pas de bonnet, pas de gants…les nuits sont froides à Royan. Je m’approche et lui demande que puis je faire pour vous aider, il me répond qu’il n’a rien, qu’il a faim. Un billet de 5 euros de la main à la main, je remarque ses ongles noirs et trop longs de ne pas être coupés, parfois ça ne tient à rien, un détail, pouvoir se couper les ongles, se laver les dents, pouvoir se coiffer…même pas l’énergie pour un merci. Je ne lui en veux pas. Un homme brisé; abîmé dans sa chair et dans son esprit, que la souffrance veut pousser au pire. Il n’a même plus comme d’autres la force du désespoir. En le regardant avec attention je déambule  dans les ruines d’une vie de misère. Comme si depuis toujours, son destin était déjà tout tracé, comme si là haut on avait décidé qu’il ferait partie des sacrifiés, condamné à mort non pas par la justice mais par la vie elle même. Une heure après j’ai voulu le retrouver, un blouson, 2 pulls et un pantalon dans un sac. Il avait disparu.